Pour remettre au gout du jour les valeurs morales et les repaires cruellement absents des cités actuelles.
C'est à chacun d'entre nous qu'il appartient de réagir et d'adopter une attitude responsable:
Au programme : Redécouvrir le respect.
"R" comme respect, comme lâcher prise, méditer sur un concept qui
semble disparaitre de la conscience globale.
Le 10 décembre 2013, le Mouvement
"R" comme respect a invité
tout un chacun à réfléchir ensemble ou en solitude au sens de la parole respect. à Rome à Paris à Pointe à Pitre les premières
rencontres motivées par notre actualité en quête de solutions innovantes et
solidaires ont eu lieu, ci-après le compte rendu de la rencontre de POINTE A PITRE (Guadeloupe, Antilles françaises)
A 10h
le musée Schœlcher de Pointe à Pitre, ouvre ses portes aux participants du la journée "R "
comme Respect.
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Sur l'invitation de sa créatrice Josette Martial, et dans
le cadre du musée pointois dirigé par Matthieu Dussauge, un dialogue s'ouvre
qui ne s'interrompra qu'en fin de matinée, auquel s'associeront tour à
tour Mariana Renou- étudiante,
Jean-Gérard Fontange sono-thérapeute, Jocelyn Akwaba-Matignon -plasticien,
Nicole Duhamel, médecin-homéopathe, Florence Davillé agent de sécurité.et Sonny
Christophe - directrice de "Chivé Natirel"
Le premier thème abordé est celui de l'esprit de recherche et de solidarité,
indispensables pour avancer sur la route du respect de soi et de l'autre.
M.R. Est étudiante en
anthropologie sociale, vient de Rio du Brésil, elle est depuis peu en
Guadeloupe, prépare une thèse de
doctorat à l'Université Fédérale de Rio
de Janeiro,
le thème de sa recherche est celui de l'esclavage en
Guadeloupe, des traditions qui en sont nées et de ses mémoires lisibles. Son
mémoire de maîtrise porte sur le "candomblè" angola, de tradition de
la région Bantou appliquée à Rio de Janeiro. Les parents de M.R. sont
catholiques pratiquants et engagés; lui
était prêtre et elle religieuse, ils se sont rencontrés, se sont mariés et ont
par la suite oeuvré d'une manière
différente pour défendre leurs convictions humanistes. Le respect, le racisme,
la relation à la différence, nourrissent
la réflexion sur l'héritage de la reconquête de la liberté.
M. R. interroge la fondatrice
du mouvement "R" comme respect, sur l'origine du mouvement.
J.M. retrace son parcours
professionnel en Italie où chanteuse,
dès 1985 elle multiplie ses rencontres avec les différents milieux romains, suivant son souhait de dialogue inter culturel
pour promouvoir la richesse de la culture
noire et francophone, antillaise et caraïbe dans ses spectacles. Elle rappelle son premier spectacle cabaret
"c'era una volta in Europa" à
l'affiche pendant 3 mois à l'occasion de l'ouverture de "l'Alexander
Platz" club de jazz romain, lieu
phare de la pensée d'extrême droite italienne et qui à l'époque, selon la démarche de son directeur Giampiero
Rubei, souhaitait s'ouvrir et aborder
"une certaine idée du jazz.... une certaine idée de la musique, une certaine
idée de la richesse humaine".
"Les personnes qui applaudissaient alors aux paroles
de "redemption song" chanson de Bob Marley qui depuis toujours présent
au répertoire de la chanteuse d'origine guadeloupéenne, sont elles celles qui aujourd'hui
profèrent des insultes à la ministre
italienne pour l'intégration d'origine congolaise Cécile Kyenge?
-Si oui, la
question est de comprendre les raisons de cette évolution des tendances: pourquoi
passer de l'ouverture à la fermeture et à l'insulte?
qu'en est il du Respect des droits de l'homme et de la
femme et des citoyens? Le cœur humain
est capable du meilleur comme du pire.
L'heure est à tout un chacun de fixer les limites nécessaires pour un monde
civile, mu par des valeurs humanistes, pour garantir le futur.
Cécile Kyenge
Christiane Taubira
Les attaques racistes adressées à Cécile Kyenge, puis à Christiane Taubira, par
exemple, ne sont elles
pas motivées par la peur?
par la peur du manque, la peur inavouée de la
pauvreté, qui pousse les personnes à la
panique et à la fermeture mentale?
S'agit 'il de peur, de
bêtise ou d'ignorance?
Et le courage dans tout cela? ne consiste t'il pas à ré
instaurer le respect oublié?
N'est il pas aussi de s'arrêter et re proposer l'usage du respect qui manque au tableau?
M.R. Au Brésil comme ailleurs,
l'ignorance favorise les actes
d'intolérance et de manque de respect.
Les religions Afro-Brésiliennes, comme le Candomblé et
l'Umbanda, souffrent d’attaques
fréquentes, motivées par des idées ne
correspondant pas à la réalité.
Leurs fidèles se mobilisent depuis plus d'un siècle pour qu'elles soient reconnues et respectées.
Pendant toute la colonisation et jusqu'au début du 20ème
siècle, la seule religion reconnue par la loi brésilienne est la religion
catholique. Les autres cultes se voient
taxés de pratique illégale de la
médecine, ou encore de sorcellerie et font régulièrement l'objet de poursuites policières.
Après avoir été enfin reconnues comme étant des religions à
part entière, elles demeurent à ce jour controversées par la population, qui
ignore leur nature profonde.
Le respect du culte d'un individu dans son contexte social
n'est il pas le garant de la bonne santé d'une société ?
J-G F. Rappelle que l'action "R" de ce 10 décembre, si elle se réalise à un
niveau subtil et minimaliste en plein cœur des Caraïbes, possède une valeur symbolique importante. Il
souligne le sérieux des buts poursuivis.
Se rassembler autour de la signification de la parole Respect, se veut fédérateur et consolide les
bases d'une conscience profonde, "source de décisions apaisées
et apaisantes."
Il fait allusion à certains évènements d'actualité
qui font appel à la notion de respect tel l'élection qui a vu la jeune miss Guadeloupe originaire
des Saintes être élue 4ème dauphine de Miss France 2014, puis se faire vivement critiquer pour le seul fait de sa
couleur de peau trop claire selon certains, puis être successivement défendue par une majorité de
personnes exprimant leur volonté
de rappeler que "les Saintes...sont
partie importante de la Guadeloupe".
Le côté intéressant
de l'anecdote réside dans l'importance de voir s'exprimer librement les
deux aspects d'une vision critique d'un
fait social réel.
N'est il pas fréquent de ne chercher à entendre que les
avis identiques aux nôtres?
L'ouverture ne viendrait elle pas justement de la
découverte des fondements de la pensée de chacun?
J. A. M.décrit la roue de la médecine, et son rôle de guérison dans
la santé dans le cadres de la civilisation Maya.
la lecture du monde, cette fois vue du point du monde
d'Amérique centrale qui voit le monde d'un autre point de vue que celui centré
à Londre par exemple, une vision qui regarderait le monde depuis le sud et vers
le nord renverserait-elle la vison des
choses?
quel est l'endroit? quel est l'envers?
J.A.M. « In lak’ech – A lak’em» - Je suis un autre toi – Tu es un
autre moi. C’est par ces mots que l’on se
salue en pays Maya, car, il faut toujours commencer par se saluer avant
d’entreprendre une discussion. Tout ce qui existe sur cette terre surgit du
silence primordial. Cette attitude respectueuse et attentive à soi et à
l'autre, vécue, simplement au quotidien illustre la noblesse, la grandeur
d'un peuple.
Vernissage exposition Jocelyn AKWABA MATIGNON "Les Chercheurs de l'existence"
http://www.youtube.com/watch?v=jJS2hGyPC7o
N.D. médecin et homéopathe,
s'intéresse aux fonctionnements de la conversation non violente. elle trouve
dans la notion de respect un dénominateur commun à de nombreuses attitudes
visant à l'harmonisation des relations et des comportements personnels et
sociaux.
M.D. qui a rejoint le cercle
des participants décrit ses travaux
relatifs au projet La Route de l'esclave-Traces et Mémoires en Guadeloupe, une
invitation à prendre conscience du fait que notre géographie comme notre histoire,
est marquée par des traces indélébiles des vestiges significatifs des édifices
mémoires où affleure le passé. Conservateur du Musée pointois il rappelle
comment Victor Schoelcher avait pour ambition de permettre à tous d'accéder à
la culture dans son acceptation la plus large. Il nous invite à regarder le
petit tableau bleu posé au mur et qui représnete en une situation de gens
d'honneur, des femmes negresses dont la coloration de peau illustre différentes
gradations visibles sous nos tropiques, mises en lumière dans un cadre normalement
réservé au nobles et gens dits "de qualité". ce tableau est il
significatif du regard que le musée souhaite porter sur les choses qu
aujourd'hui interpellent?
F. D. Se présente, elle est
agent de sécurité, heureuse de ce partage autour du R comme respect, elle souhaite que chaque participant se présente,
dise, ce qu'il fait puisque le respect commence par la connaissance et la
reconnaissance de soi et des autres autours de soi.
S.C. Jeune pionnière, il y a 15
ans elle ouvrait , le premier
salon de coiffure pour le soin du cheveux crépu "Chivé natirel",
marquant ainsi d'un geste fort le respect manifeste pour la propre
nature que la population créole souhaite appliquer au quotidien.
S. C. souligne le fait que l'énergie et l'action sage sont
indispensables à la réalisation d'objectifs concrets constructifs, que
l'apathie et la passivité, comme la fermeture d'esprit caractérisent une attitude soumise, passive
qui peut mettre à risque l'autonomie de
la pensée et de l'être.
En fin de réunion la question est posée de savoir qu'elle
sera le prochain pas du mouvement "R"
comme respect après ce 10 décembre. le prochain rendez-vous est fixé au 8 mars 2014,
pour une" récolte des paroles" de respect qui
auront été adressées par qui le souhaitera.. enfants, jeunes adultes, personnes anciennes,
femmes, artisans, personnes ordinaires ou extraordinaires, exprimant en paroles leur conception et
réflexions sur le thème du respect.
on décide aussi que ce rendez-vous ait lieu , pour la
Guadeloupe, au cimetière des esclaves du Moule, (selon les informations
que nous invite à découvrir le musée Schœlcher dans son projet de La route des
esclaves, voir sur le web) et que chaque territoire puisse ainsi trouver un
lieu où une rencontre serait bien venue pour passer de la pensée à la parole.
Pa konèt
movè.....
Ce projet du Conseil général de la
Guadeloupe, unique aux Antilles françaises, rejoint l’initiative internationale portée par l’Unesco.
L'idée, née il y a tout juste un an, repose sur une volonté forte de promouvoir
le patrimoine guadeloupéen et de
réhabiliter « des bâtisseurs anonymes de notre liberté » .
« LA ROUTE DE
L’ESCLAVE . Traces-mémoires en Guadeloupe »